Résumé :
|
La Grande Guerre porte l'espoir d'une France lavée de l'humiliation de la défaite de 1870 et purgée du péril pornographique de la Belle Époque : on fustige la nation des plaisirs et de la dégénérescence, coupable de compromettre la victoire. Et l'on soupçonne en premier lieu la loyauté des femmes - marraines , adultères, prostituées, infirmières ou employées d'usines -, accusées de corrompre le soldat. Propulsée au coeur du conflit, la morale sexuelle sacralise en effet le poilu viril et chaste qui arrachera la victoire au péril de sa vie. Mais elle méconnaît l'immense frustration affective et sexuelle des combattants, et le trouble que provoque le culte de la virilité chez des hommes amoindris par la solitude, le sang et la mort. À partir de 1916, le rêve de la régénération laisse donc place à une profonde démoralisation : l'interminable guerre bouleverse le modèle familial bourgeois hérité du XIXe siècle (incompréhension ou séparation des couples, travail des femmes). Cette histoire des moeurs est aussi une histoire de l'exclusion, où l'on voit l'armée et l'État se disputer le contrôle de la population et de ses pratiques sexuelles. Mais elle est surtout une histoire de l'intime, noire, bouleversante et inédite.
|